de Agata Tuszynska

traduction du polonais Margot Carlier (dans le recueil Les disciples de Schulz aux Éditions Noir sur Blanc, 2001)

mise en scène, vidéo, dramaturgie, scénographie Maria Cristina Mastrangeli

interprétation Anna Romano et Fabrice Scott

intervention scénographique Daniel Van de Velde

musique Sandro Stellin

lumière Serge Derouault

coproduction vidéo Pidigin (Italie)

avec le soutien de DRAC Île-de-France, ARCADI, Ville de Montreuil,
LICRA, Fondation du Judaïsme Français, Institut de Culture Polonais

Le garçon de la photographie a été créé au théâtre Le Colombier de Bagnolet (93) en mai 2002. Il tourne au Théâtre Berthelot de Montreuil (93), au Hublot de Colombes (92), à la Salle des Fête de Romainville (93) dans le cadre de la Journée européenne de la commémoration de la Shoah et au Théâtre Populaire Romand en Suisse. En 2003 une présentation en italien, avec la même distribution, est jouée au Teatro Kismet de Bari en Italie.


Autour de Le garçon de la photographie, des actions pédagogiques ont été menées en 2002 avec les établissements : Lycée ORT de Montreuil (93) ; collège Fabien de Montreuil (93) ; collège Jean-Jaurès de Levallois-Perret (92) ; lycée Léonard-de-Vinci de Levallois-Perret (92) ; collège Sisley de Moret-sur-Loing (77) ; lycée Liberté de Romainville (93).

D’un travail avec les habitants de Colombes est né le documentaire Qui suis-je, suite logique du travail scénique.
Il a été projeté en mai 2003 à l’Avant Seine de Colombes.

« Le garçon de la photographie a des cheveux noirs, épais, avec une raie du coté gauche. Le garçon de la photographie a de bonnes joues et une jolie bouche, bien dessinée et légèrement boudeuse. Le garçon de la photographie a de grands yeux noirs. De son regard téméraire, il fixe l’espace droit devant lui, sans baisser les yeux. Le garçon de la photographie porte l’uniforme de la Hitlerjugend. Le garçon de la photographie est juif. »

« – Vous n’êtes pas venus au monde pour mourir.
Tu dois vivre.
Ce sont les dernières paroles de ma mère :
– Tu dois vivre. »

Descriptif du spectacle

En fond de scène : trois panneaux gris translucides. Au centre de la scène : une structure métallique brute porte un plan incliné en plexiglas. En vertical sur la partie praticable du plexiglas : un tronc évidé prêt à être balancé au gré des rebondissements du récit et de la perte de stabilité du personnage. Sur un grand écran de télévision excentré, défile la vidéo Identity, qui rend les images de la mémoire du personnage visibles pour le spectateur. Côté jardin et côté cour deux micros qui arrivent du grille. Le décor est conçu comme une installation d’art contemporain. Le spectacle est l’événement qui a lieu dans l’installation.

L’histoire

Pour survivre, un garçon juif s’invente l’identité d’un garçon aryen : le juif Shlomo devient Jup, Volksdeutsch par nécessité et nazi exemplaire. Juif et nazi, jeune communiste un bref instant, “le garçon de la photographie” est un paradoxe historique qui rapporte la tragédie de notre siècle. C’est l’aveu nu d’une victime qui se cacha parmi ses bourreaux et finit par s’identifier à eux. Le texte transmet la joie de vivre de l’adolescent de jadis, interroge la responsabilité civique plus que le sens de culpabilité de l’adulte.
Le soulagement d’avoir tout dit fera pourtant naître de nouveaux fantômes qui ne se dissiperont pas.
Présenté comme une fiction, Le garçon de la photographie cache le vrai destin d’un homme : Salomon Perjell.
L’absence de tout jugement moral nous force à prendre position. L’histoire pose des questions et dessine des visions qui nous concernent aujourd’hui. La compréhension historique et personnelle en sort grandie.

Le texte théâtral

Comme dans les travaux précédents d’Octogone, un texte non théâtral est utilisé comme matière pour la scène.
La langue de Tuszynska n’a pas été adaptée, elle contient déjà une force scénique. Les deux comédiens se renvoient la balle-aux-mots dans un va-et-vient entre troisième et première personne, entre identification et distanciation. Sur le texte d’origine sont opérées des greffes à partir de la question clef “qui suis-je”, qui situent le comédien en tant que personne face à ses responsabilités personnelles et citoyennes et par-là questionnent le spectateur. Deux séquences de la vidéo concernent ce questionnement personnel.
Pour qu’on ne s’autocensure pas avec des parallèles de l’actualité.



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