Falsch
de René Kalisky

mise en scène Maria Cristina Mastrangeli
en collaboration avec Anna Romano
avec le soutien des Archives et Musée de la littérature de Belgique

La dernière pièce de l’auteur belge Kalisky, montée en son temps par Vitez, sert de pivot au nouveau projet européen d’Octogone.
1938 Berlin : Joseph Falsch, juif, fuit l’Allemagne pour les États-Unis.
1983 New-York : dans une discothèque peuplée de punks et drag-queens, Joe retrouve sa famille.
Le passé traumatique revient en boucle dans une temporalité suspendue.
Dans la création finale il s’agira de mêler scène et réalité augmentée, pour mieux saisir les questionnements propres à la dramaturgie de Kalisky : l’entre-deux spatio-temporel et la position de l’acteur face au personnage.

Saison 1 : 2017-2018
Pour la Journée Internationale de la Francophonie, au théâtre Le Tarmac, Paris, le 20 mars 2017, Octogone organise une table ronde à l’occasion de la parution du numéro 71 de la revue Francofonia : Kalisky l’intempestif ? Relectures contemporaines d’une œuvre du XXe siècle, sous la direction de Aurélia Kalisky et Agnese Silvestri.

Francofonia est une revue semestrielle internationale, rédigée en français, qui paraît grâce à la contribution du Département de Langues, Littératures et Cultures Modernes de la prestigieuse Université de Bologne en Italie. Elle est consacrée aux littératures – européennes et d’ailleurs – dont la langue française est le moyen d’expression et rassemble des analyses textuelles, des recherches philologiques, historico-littéraires, linguistiques ou encore culturelles, en privilégiant la diversité des approches méthodologiques et en intégrant les apports de différentes disciplines.

Les intervenants de la table ronde sont : Maria Chiara Gnocchi (Professeure associée de Littérature Française à l’Université de Bologne et directrice de la revue Francofonia), Pietro Pizzuti (auteur, comédien et metteur en scène), Marc Quaghebeur (écrivain et directeur des Archives et Musée de la Littérature de Bruxelles), Agnese Silvestri (Professeure associée de Littérature Française à l’Université de Salerno).

La table ronde est suivie de la lecture d’un extrait de la pièce Falsch, dirigée par Maria Cristina Mastrangeli.

Les comédiens de la lecture, en ordre d’entrée :
Pietro Pizzuti – Georg, peintre, fils de Jacob
Fabrice Scott – Joe, médecin, fils de Jacob
Gerardo Maffei – Jacob, le père, médecin
Alma Sammel – Lilli, l’amie de Joe
Ludovic Poucet – Benjamin, le plus jeune fils, chef d’orchestre
Anna Romano – Rachel, la mère, femme de Jacob
Maria Cristina Mastrangeli – Mina, sœur de Rachel, maîtresse de Jacob

En 2018 Octogone continue à réunir des belles équipes pour continuer l’exploration de ce texte dans la salle mise à disposition par la Mairie du 11ème de Paris, avec : Arturo Armone Caruso, Gérard Cherqui, Marie Collins, Marie de Bailliencourt, Maïe Degove, Vanina Delannoy, Sophie Gubri, Marion Guilloux, Marjorie Hébrard, Andrea Lanciotti, Gerardo Maffei, Victoria Mariani, Frédéric Moulin, Marion Paulin, Margherita Piantini, Hervé Rey, Alma Sammel, Fabrice Scott, Giuliano Maria Tenisci, Sébastien Thevenet, Véronique Vellard.

René Kalisky, l’intempestif :
Brusquement interrompue par sa disparition, l’œuvre de René-Kalisky (1936-1981), dramaturge belge d’origine juive polonaise, se concentre presque entièrement sur la décennie 1970-1980. À cette époque, il ne pouvait être perçu que comme intempestif, inopportun : que ce soit en écrivain aux sympathies communistes critiquant en 1968 Lénine et Trotsky ; en Juif meurtri par la Shoah contestant violemment les orientations de l’État d’Israël ; en artiste post brechtien s’opposant à l’héritage d’un théâtre orienté à la « conviction » du spectateur ; en écrivain belge, enfin, proposant au pays de la raison cartésienne des constructions dramaturgiques complexes interdisant toute identification simpliste et rassurante à leur spectateur.
Son projet esthétique nous apparaît aujourd’hui extraordinairement moderne, comme Antoine Vitez avait su le reconnaître. Poursuivi avec une cohérence obstinée au cours de sa brève carrière, il présente une originalité et un anticonformisme indissociables d’une exploration des questions éthiques et politiques de son époque.
À ce titre, il ne cesse de questionner la nôtre. Son actualité semble d’autant plus grande aujourd’hui où sont remises en question les valeurs humanistes sur lesquelles la civilisation européenne prétend se fonder. Car cette œuvre aux contours complexes refuse toute réponse simpliste et nous invite au contraire à affronter sans faux-semblant la question de la résonance que le mal politique peut trouver en chacun de nous. En cela, elle apparaît à la fois comme œuvre de son temps et œuvre d’avenir, plus opportune que jamais.

Agnese Silvestri et Aurélia Kalisky

Falsch, tentative de résumé :
Joseph Falsch, juif berlinois, a fui l’Allemagne en 1938, avec ses deux frères Georg et Gustav, alors que presque tout le reste de sa famille est resté et est mort en déportation. Aux Etats-Unis, Joseph est devenu Joe, il a inscrit dans le prénom le sentiment d’une perte et a essayé d’oublier son passé.
Joe, sorte d’alter ego de l’auteur, n’arrive pas à se définir. Il affirme : « Je suis inidentifiable ».
Kalisky, comme il l’avait déjà fait dans Dave au bord de mer, superpose une fiction contemporaine et un récit biblique : ici l’histoire de Joseph et de ses frères.
Mais le passé traumatique n’est pas vraiment passé et la pièce se fonde sur une sorte de rêve. Dans cette temporalité suspendue, aux couleurs d’une discothèque des premières années 80, Joe retrouve sa famille et sa fiancée berlinoise. Le survivant peut enfin parler avec les morts, comprendre leur douleur : même s’ils ne sont que des cris, ils sont des cris proférés ensemble. Kalisky imagine une réunion de famille outre-tombe, mais elle a des allures rock, peuplé de punks et drag-queens… l’euphorie sert de masque au désespoir…
Dernière pièce de René Kalisky, Falsch fût publiée posthume et montée en 1983 par Antoine Vitez au Théâtre National de Chaillot.